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📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] La papeterie Tsubaki

  • jmgruissan
  • il y a 3 jours
  • 3 min de lecture

De Ito Ogawa, aux éditions Picquier, 2016


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Voici un roman extrêmement velouté à la lecture, un apaisement pour les sens hors du chaos du monde actuel. On y retrouve une certaine éloge de la lenteur et du temps qui passe. Dans cette papeterie tous les sentiments se croisent, du plus doux au plus violent, pour être ensuite retranscrits par la beauté et la sagesse de la calligraphie d’une jeune écrivaine publique. L’autrice y aborde la richesse de l’écriture japonaise, des nuances dans les signes utilisés mais aussi le type d’encre, de plume ou de stylo, de papier, d’enveloppe ou de timbre. Tout est ritualisé pour que la forme soit en adéquation parfaite avec le fond. Ito Ogawa nous embarque avec beaucoup de poésie et de bienveillance dans un univers qui peut nous paraitre hors sol mais qui semble essentiel pour nombre de Japonais.

 

La jeune Hatoko a décidé de reprendre la papeterie familiale situé à Kamakura, proche de Tokyo, après la disparition de sa grand-mère. Elle vend à sa clientèle un tas d’articles nécessaires pour écrire mais elle est aussi une jeune calligraphe experte. Pendant toute sa jeunesse, elle a subi les règles strictes de son aïeule, qu’elle appelle l’Aînée, pour maîtriser toute les règles de cet art ainsi que les gestes parfaits. Pourtant, après un trop plein de rigueur imposée pendant son enfance, et une vie hors de Kamakura, elle ne pensait pas reprendre cette activité. La réouverture de la papeterie Tsubaki va lui réserver d’étonnantes et belles surprises.

 

C’est un roman sur la nostalgie bienveillante et formatrice. Je retrouve un rythme lent, simple et reposant qui explore de nombreuses émotions liées à l’écoute, aux relations humaines et à la beauté. A travers les lettres qu’elle écrit pour les autres, Hotako se découvre finalement elle-même et tire le meilleur de tout ce qu’elle a appris des autres, par les rencontres ou la transmission. Elle aussi donne beaucoup d’elle-même et c’est cet échange qui donne un sens à la vie.

 

❓ Appréciez-vous les livres au rythme lent ?




𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « j’habite une petite maison au pied d’une petite colline. C’est à Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, mais dans les terres, assez loin de la mer. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Mange amer au printemps, vinaigre l’été, piquant l’automne et gras l’hiver.

La devise calligraphiée de la main de l’Aînée était encore placardée sur le mur de la cuisine. Ecrite au dos d’un calendrier, depuis le temps qu’elle trônait là, le papier avait complètement perdu sa blancheur initiale. Des éclaboussures d’huile y avaient dessiné des étoiles filantes. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « - c’est comme la formule secrète du bonheur, que j’ai appliqué toute ma vie, a-t-elle dit en riant.

-          Apprenez-la-moi !

-          Eh bien, il faut se dire à l’intérieur : « Brille, brille. », Tu fermes les yeux et tu répètes « Brille, brille », c’est tout. Et alors, des étoiles se mettent à briller les unes après les autres dans les ténèbres qui t’habitent, et un beau ciel étoilé se déploie.

-          Il suffit de répéter « Brille, brille » ?

-          Oui, c’est simple, hein ? Et ça fonctionne n’importe où. Quand tu fais ça, les problèmes, les chagrins, tout s’efface sous un joli ciel plein d’étoiles. Vas-y, essaie. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Aujourd’hui, j’écrirais non pas pour quelqu’un mais pour moi. Un écrivain public tient la plume en se mettant dans la peau et dans la tête de tout un tas de personnes. Sans vouloir me lancer des fleurs, je réussissais assez bien désormais à me couler dans les mots d’autrui. Mais, à la réflexion, je n’avais pas encore trouvé ma propre écriture. Je n’avais pas encore rencontré mon moi calligraphique, l’équivalent du sang qui coulait dans mes veines, ce qui faisait que j’étais moi et d’où mon ADN jaillirait à flots. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « La lettre que Madame Barbara avait soigneusement gardée toutes ces années a été réduite en cendres en un rien de temps. Comme si elle n’avait attendu que ce temps.. Comme si elle n’avait attendu que ce moment.

-          Ah, je me sens plus légère. Cela me pesait sans cesse ici, a-t-elle déclaré en effleurant sa poitrine de la paume de la main.

-          Madame Barbara, quelle a été la période la plus heureuse de votre vie ? lui-ai-je demandé, soudain intriguée.

-          Maintenant, bien sûr !

C’est la réponse à laquelle je m’attendais.

-          Vous avez raison, le bonheur est dans l’instant présent. »

 


 






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