Largo Callahan – Partie 2
De Michel Robert, aux éditions Pocket, 2019
Finissant ce livre, j’ai compris que ce n’était pas le second et dernier tome, mais le début d’une série, finalement pour un plaisir renouvelé. Car même si l’écriture est légère, il n’en est pas moins que Michel Robert nous offre un bon roman d’aventures. Un vrai western avec de farouches indiens, de naïves tuniques bleues, des Mexicains un peu loco et surtout un savant saupoudrage de fantastique. Le rendez-vous est donné à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, dans cette zone, encore sauvage, où la civilisation et la loi ne sont pas tout à fait installées. Un cocktail qui me ravi.
Largo Callahan et sa troupe de pistoleros reviennent du Mexique avec le mystérieux coffre désiré par la comtesse italienne Chyaris Di Sforza. Après avoir déjoué maints dangers, il est temps de prendre un peu de repos et de profiter de la récompense. Hors, la comtesse ne tardera pas à engager à nouveau les hors-la-loi pour une mission encore plus périlleuse, mais très largement plus lucrative. Malgré les conseils de renonciation et le charme de la capitaine des Marshals fédéraux, Nina McCall, Callahan et les italiens pénètrent en territoire comanche.
Les genres sont bien mélangés dans ce livre, pourtant subsistent quelques légères caricatures. Dans son texte, Michel Robert cite régulièrement Josey Wales, le hors-la-loi, mis en lumière par le film de Clint Eastwood, un personnage très controversé issu du roman d’un auteur aussi très ambiguë, et c’est ce côté « sale » ou « dirty » qu’il manque au texte, aux caractères, aux situations, aux personnages pour en faire un véritable western poussiéreux, mal rasé qui sent la poudre, la sueur et la vilénie. Quoi qu’il en soit, les pages se tournent très rapidement et j’attends le prochain tome.
Josey Wales a-t-il existé ? Contrairement au film de Clint Eastwood, le vrai homme n'avait pas comme force motrice une vengeance pour avoir perdu sa famille tuée par des soldats de l'Union. Le vrai Josey Wales était un guérillero confédéré, un « bushwacker », un associé des sanglants Quantrill Raiders, voleur de chevaux et tueur.
Né Bill Wilson, d'une famille aisée, c’était un homme aimable, bon enfant, intelligent et habile à jouer du violon, il était donc toujours demandé pour les mariages et les fêtes. Ses doigts agiles n'étaient pas seulement rapides sur le violon, cependant. Ils ont également été rapides sur la gâchette. Il avait toujours sur les hanches deux six coups de calibre .44.
Le père, agriculteur prospère, de Bill s'était efforcé de rester neutre dans l'État frontalier violemment divisé du Missouri. Il avait possédé plusieurs esclaves mais les avait libérés avant la guerre et avait conseillé à ses enfants de rester aussi neutres que possible. Mais, à l'été 1861, juste après le début de la guerre, des chevaux ont été volés au gouvernement de l'Union dans la région par un gang de guérilla confédéré.
Bill Wilson a été immédiatement considéré comme un suspect. Quelques jours plus tard, un groupe de soldats de l'Union a fait une descente chez lui, expulsé sa famille, volé tout ce qu'ils pouvaient et incendié toute la propriété. C'était la fin de la « neutralité » de Bill. Il a déménagé sa famille dans une petite cabane sur la ferme de ses parents et a commencé une campagne de vengeance sanglante qui allait devenir une légende dans les monts Ozark, puis dans tout le pays.
Des corps de soldats de l'Union ont commencé à apparaître partout. Bill tuait les Yankees et fournissait les montures aux Quantrill Raiders pour leurs nombreux raids. Bill Wilson est devenu connu sous le nom de "The Great Bushwacker" à cause de ses sanglantes ambuscades.
Le nombre de soldats de l'Union que Wilson a tués est inconnu, selon la légende, peut-être plusieurs dizaines. À la fin de la guerre, il est allé au Texas avec pas moins de 150 autres Quantrill Raiders pour se cacher. Certains ont négocié des grâces avec le gouvernement américain, mais Bill Wilson ne l'a jamais fait.
Plus tard, vers 1869, alors qu’il il vendait un wagon plein de pommes à McKinney, au Texas, deux ex-Missouri Qauntrill Raiders, ses anciens camarades ! - l'ont espionné. Ils ont décidé de le voler en tendant une embuscade au nord de la petite ville frontalière de Van Alstyne, lui ont tiré dessus à plusieurs reprises pour s'assurer qu'il était mort, l'ont volé et l'ont enterré dans une tombe peu profonde. Les deux desperados ont ensuite été arrêtés, avoués et pendus à Sherman le 26 mars 1869. Mais la tombe de Bill n'a jamais été retrouvée.
Il faudrait encore 30 ans avant qu'un livre soit écrit sur Bill Wilson et sera à l’origine du célèbre film. Et, ici, nous entrons dans un territoire vraiment étrange. Classez-le sous « la vérité est plus étrange que la fiction ». Comme le protagoniste du livre, l'auteur du livre avait sa propre histoire personnelle. Forrest Carter, né Asa Earl Carter, était un leader du KuKluxKlan. En 1958, il quitte le groupe Klan qu'il avait fondé après avoir tiré sur deux membres pour des raisons financières. Puis il est devenu rédacteur de discours pour George Wallace. Il a écrit la tristement célèbre phrase pro-ségrégation de Wallace en 1963 : « Ségrégation maintenant, ségrégation demain, ségrégation pour toujours. » Plus tard, Carter a soutenu sans succès le ségrégationniste lieutenant-gouverneur de l'Alabama.
Après la dissolution de ses rêves politiques, Asa Earl Carter a changé de nom, a déménagé au Texas et, sous un pseudonyme, s'est fait passer pour l'écrivain cherokee, Forrest Carter. En 1972, il écrit « The Rebel Outlaw : Josey Wales ». Carter a envoyé le livre au bureau de Clint Eastwood. L’agent d'Eastwood l'a lu et a suggéré d'acheter les droits.
Ni Eastwood ni son agent ne connaissaient la véritable identité de l'auteur, ni son engagement en tant que ségrégationniste et ne le sauraient pas avant quelques années. Le film, "The Outlaw Josie Wales", est sorti en 1976. La même année, à la suite d’interviews, plusieurs politiciens et journalistes ont reconnu Carter comme le ségrégationniste et l'ancien chef du Klan. Puis le New York Times a publié un article sur lui. Carter a passé le reste de sa vie à nier son passé.
Malgré son origine controversée, le film a été un grand succès commercial et artistique, il est devenu un classique. Et, dans un autre étrange coup du sort, malgré l'idéologie cachée de son auteur, en 1996, le film a été sélectionné pour être conservé dans le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès pour avoir été évalué « culturellement, historiquement ou esthétiquement important ».
Début du livre « Largo et Rico étaient campés sur le seuil de la caverne, l’un à côté de l’autre, bras tendus, revolvers alignés, prêts à cracher leur sérénade de plomb. »
Extrait « Nous demandons le passage par respect, poursuit le pistolero, délaissant l’espagnol pour l’apache. Par respect, nous offrons un tribut. Mais ne t’y trompe pas, nous sommes des guerriers éprouvés. N’espère pas nous détrousser comme de simple Pin-da Lik-o-yee-lo, tu commettrais une grave erreur. »
Extrait « Loco dégaina son colt .36 pour ajuster celui qui venait de l’interrompre. Il figea son geste juste avant d’écraser la détente de son six-coups. In extremis, il avait remarqué la grande croix bleue qui barrait la face rasée de l’impudent. Une croix bleue, pas tirer, une croix bleue, c’est Javier ! Loco rengaina son arme et se mit à grincer des dents. Une veine battait sur sa tempe, un filet de bave coulait du coin de sa bouche. »
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