📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Le braconnier du lac perdu

De Peter May, aux éditions Babel Noir, 2012

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Dernier tome de la trilogie écossaise de Peter May, et encore un excellent roman. Roman policier et roman noir, dont les tenants et les aboutissants sont toujours en lien avec l’enfance et la jeunesse des amis de Fin Macleod. Les destins se croisent, s’entremêlent comme les secrets et les non-dits de la communauté, qui vit en quasi autarcie, dans le nord de l’Ecosse. Un climat aussi rude que les femmes et les hommes, aussi tourmenté que les sentiments qui s’y développent au rythme des vies. Pourtant, les amitiés sont solides mais les rancœurs sont aussi tenaces, de générations en générations. Une très belle trilogie, sans fausse note, ni baisse de tension.

Fin Macleod n’est plus flic et vit sur l’île de son enfance avec son amour de jeunesse. Tout en retapant la maison d’enfance, il a pris un emploi traqueur de braconniers qui prélèvent malheureusement trop de poissons sauvages ; il est au service d’un grand propriétaire terrien. Lors d’une de ses recherches sur des terres isolées, avec son vieil ami Whistler, ils tombent sur une carcasse d’avion au milieu d’un lac asséché. Et dans le cockpit de l’avion ils découvrent un cadavre, dont à première vue, pour l’ancien policier, l’assassinat ne fait aucun doute. Cette enquête va faire ressurgir d’anciennes histoires encore cachées.

Peter May manie avec beaucoup de talent les retours dans le passé qui s’intègrent dans le récit présent pour l’expliquer. Cela donne au roman une profondeur émotionnelle et une atmosphère unique qui transcende le simple polar. Il met en avant la force des racines, des amitiés de jeunesse et donc le poids du passé. Fin Macleod est souvent confronté entre son attachement à cette terre rude et hostile qui crée des liens forts entre les hommes et l’intégrité dont doit faire preuve celui qui a le profond respect de la justice. Il en sort des moments extrêmement puissants, douloureux mais aussi émouvants.

❓ Connaissez-vous cette trilogie et qu’en pensez-vous ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « Quand Fin ouvrit les yeux, une étrange lumière rose inondait l’intérieur du vénérable refuge en pierre qui les avait abrités de l’orage. Dans l’air immobile, de la fumée s’élevait paresseusement du foyer presque éteint. Whistler n’était plus là. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « C’était l’un de ces rares et délicieux premiers jours d’été quand le vent du sud-ouest était doux et le ciel parsemé de hauts nuages blancs qui masquaient de temps à autre le soleil. Sur la lande, les fleurs printanières éclataient de jaune, de mauve et de blanc, et les puces étaient maintenues à distance par la brise. Bien sûr, il y a toujours quelque chose pour venir gâcher un jour parfait et, dans le cas présent, il s’agissait des cleggs. Ces petits bâtards affamés pullulaient parmi les herbes hautes. Les Anglais appelaient  ça des taons, et ils mordaient salement, même à travers les vêtements s’ils étaient trop près du corps. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Quand nous partîmes ce jour-là, j’étais rempli de crainte pour mon ami et je pouvais voir également qu’il avait peur de se retrouver seul avec son père. Il ne m’a jamais raconté en détail ce qui s’était passé après notre départ, si ce n’est qu’ils restèrent, cette nuit-là, assis un long moment, en silence, son père étant sobre pour la première fois dans son souvenir. Et que, finalement, de manière spontanée, monsieur Macaskill l’avait regardé et lui avait dit : « Je suis désolé, fils. » »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Il se souvenait parfaitement d’un dimanche matin après l’accident où, assis sur le bord de son lit, il avait entendu un voisin tondre sa pelouse. Si banal. La vie ne s’était tout simplement pas arrêtée, même si Robbie n’en faisait plus partie. C’était cette sensation d’un monde qui n’avait rien remarqué qui l’avait le plus touché. Hier comme aujourd’hui. »