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Le démon de la Colline aux Loups

De Dimitri Rouchon-Borie, aux éditions Le Tripode, 2021


Voici un roman très original, imaginez que le personnage principal est un enfant dont les parents, d’une violence extrême, ont pourri l’enfance et sacrifié sa vie d’adulte. Les mots, les idées, les actions sortent avec une fulgurance primitive, avec une totale absence de repères et une méconnaissance du monde. Ce livre interroge sur le destin, la lutte du bien contre le mal et la force des acquis. Dimitri Rouchon-Borie montre, avec beaucoup de talent, les luttes internes d’un être voué de façon inexorablement au malheur. Une lecture riche et impitoyable sur notre condition d’être humain.


Duke purge une très lourde peine de prison, il n’a plus que le temps et la solitude devant lui. Il écrit alors son histoire, il essaie de remonter au plus loin de ses souvenirs. Un très jeune garçon vit dans l’obscurité d’une maison sur la Colline aux Loups avec ses frères et sœurs. Ils ne connaissent même pas leurs prénoms respectifs et se blottissent les uns contre les autres dans l’attente des corrections de leurs parents. Ils ne savent ce qu’il y a au-delà de la porte, est-ce que d’autres êtres peuplent le monde ? Si, un voisin qui ne vaut pas mieux que leur père.


Ce livre est, sur de nombreux points, vraiment désarmant. Le scénario s’applique à nous faire vivre de l’intérieur les pensées d’un homme tourmenté et abimé depuis sa plus tendre enfance. La langue utilisée est brute sans artifice reflétant la brutalité des sentiments et des situations. Enfin, un style épuré oscillant entre une prose crue et une poésie emplie de pudeur. Un roman extrêmement contrasté. Enfin, le personnage principal m’a donné envie de lire Les Confessions de Saint Augustin, que j’ai sur mes étagères depuis plusieurs années.

Début du livre « Mon père disait ça se passe toujours comme ça à la Colline aux Loups et ça s’était passé comme ça pour lui et pour nous aussi. Maintenant je sais que ça s’est arrêté pour de bon. La Colline aux Loups c’est là que j’ai grandi et c’est ça que je vais vous raconter. Même si c’est pas une belle histoire c’est la mienne c’est comme ça. »


Extrait « Il a eu une drôle de tête soudain comme quand un nuage gâche le soleil et il a fait un grand geste avec son bras. Regarde tous ces éclopés condamnés à quoi, dix ans minimum la plupart trente, perpète on avait qu’une seule vie on en a fait ça. Il s’arrêtait plus de parler. Une cour de promenade la cantine dégueulasse et ton temps avec des mecs tu leur aurais même pas payé un verre dehors. C’est gâché pour toujours et moi j’ai tué et toi aussi on est sale pour toute cette vie. J’ai qu’une trouille Duke c’est que Dieu existe. »


Extrait « J’aurais bien voulu quelqu’un à qui parler parfois car la solitude même si je la connais bien je sais aussi combien ça tape sur le système mais là j’avais décidé que ce serait mon chemin alors j’ai fini par admettre que c’était une bonne chose que le costaud soit parti la faiblesse du muscle c’est quelque chose. En prison tout le monde fait de la muscu les types se disent que comme ça personne ne va douter de leur force et de leur virilité quelle carapace minable. »

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