📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Le rêve du jaguar
- jmgruissan
- il y a 15 heures
- 2 min de lecture
De Miguel Bonnefoy, aux éditions Rivages, 2024
🔥🔥🔥🔥🔥
C’est le genre de roman qui me plait énormément. Miguel Bonnefoy y développe un style incroyablement flamboyant dans lequel les images et les histoires font exploser les imaginations. Voilà ce que les mots peuvent provoquer, en quelques phrases, ils font briller les yeux et vous emportent vers des voyages qui mêlent réalité et poésie fantastique. De la vie à la mort d’Antonio Borjas Romero, enfant trouvé qui deviendra un célèbre médecin du Venezuela, c’est l’histoire d’une incroyable famille et de mille anecdotes.
Tout commence à Maracaibo, au Venezuela, sur les marches d’une église, un panier avec un bébé de quelques jours, déposé avec une simple petite machine à rouler des cigarettes. Recueilli par une mendiante, elle se servira de sa jolie petite bouille pour augmenter les revenus de la manche, et finalement sauver sa vie. Et cette vie sera faite de rencontres incroyables, de choix tranchés et d’ambitions partagées avec une femme, Ana Maria, dont les destins liés sont de véritables aventures.
Ce livre est par essence magique, même s’il n’en parle pas. L’Amérique du Sud nous ramène forcément à des histoires, des destinées, des vies qui se croisent soit disant au hasard, et pourtant, on ressent une sorte de main invisible qui manipule les personnages pour les pousser vers un but non intelligible au départ, mais qui parait évident à l’arrivée. Avec un foisonnement d’images, d’histoires et de sensations, Miguel Bonnefoy ravivent cette magie grâce à une écriture efficace et une narration envoutante.
❓Avez-vous lu Héritage de cet auteur, et qu’en pensez-vous ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « Au troisième jour de sa vie, Antonio Borjas Romero fut abandonné sur les marches d’une église dans une rue qui porte aujourd’hui son nom. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Il portait l’odeur de la terre qu’elle avait quittée, du halage des chevaux, des joncs baignés de soleil de la lagune où, plutôt, des ancêtres communs avaient érigé des palafittes pour résister aux Espagnols. Il sentait la mangrove, la corne des taureaux, le pétrole des plaines, son accent lui rappelait ce monde abandonné où les collines murmuraient les souvenirs des caciques tombés, enterrés avec leur poids en or et où les tortues avaient des carapaces en diamants. A partir de ce jour, dans son regard, Ana Maria chercha toujours le reflet du lac Maracaibo. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Ce corps qu’il avait touché était le corps de tous les corps, c’était le corps mythique de l’impératrice des Amazones, celui que les aventuriers de la conquête avaient cherché en vain avec une fièvre délirante au fin fond des Indes orientales et occidentales, qui désormais s’était retrouvé déplacé dans celui de cette Colombienne exilée, vendant son cœur pour quelques pesos dans une chambre malheureuse des Caraïbes. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Au bout d’une semaine d’errance, il atteint une plaine si aride que les pierres suaient des gouttes d’eau salée. C’était un plateau où avait été construit un village de maîtres-rhumiers, entouré de champs de cannes à sucre, où l’on disait qu’avaient fait naufrage autrefois le capitaine Henry Morgan et tout son équipage. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « - Mi amor, lui dit-elle, tu te débarrasses déjà d’une ville, de tes parents et de tes livres. Garde au moins tes cheveux. »
Commentaires