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📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Les hommes de Shetland

  • jmgruissan
  • 17 juil.
  • 3 min de lecture

De Malachy Tallack, aux éditions Buchet Chastel, 2024


🔥🔥🔥🔥

Sans la proposition des éditions Buchet Chastel et Babelio, je serai certainement passé à côté de ce beau roman de Malachy Tallack. Un roman plein de tendresse mais aussi de souffrance. Un texte sur le destin qui n’épargne aucun d’entre nous mais qui peut être parfois extrêmement cruel. La poésie domine ce récit, avec la vie d’un homme aux prises avec les démons d’une enfance, non difficile, mais tragique. Deux fins pour ce roman, l’une remplie d’espoir et l’autre d’autant plus triste qu’on la connait depuis le début. L’auteur nous propose un roman qui porte en lui beaucoup de bienveillance, une attitude pas forcément à la « mode » mais essentielle dans nos sociétés socialement violentes.

 

Deux hommes, un père et un fils. Le premier, Sonny, a parcouru les mers du monde sur un baleinier, jusqu’au jour où la violence extrême d’une tempête le pousse à rentrer chez lui, à demander la main de Kathleen et à vivre une vie plus apaisée. Le second, Jack, est le fruit de l’amour de Sonny et Kathleen. Pourtant, il n’a pas hérité du caractère aventureux de son père. Plutôt renfermé sur lui, attaché au cocon familial, il aime la musique, la country en particulier. La vie passe, simple et monotone, jusqu’à ce que Jack alors âgé d’une soixantaine d’année découvre un chaton sur le pas de sa porte. Puis Vaila, une petite fille entre aussi dans son existence lui permettant de renouer avec l’amitié et l’envie de partager.

 

Le talent de Malachy Tallack est aussi d’accompagner le livre d’une ambiance musicale, la country. Même si je connais très peu ce style de musique, elle agit comme un diffuseur d’émotions. Notre héros principal, Jack, écrit aussi des paroles de chanson qui retranscrivent ses sentiments du moment. Cette écriture, malheureusement, trop intime pour Jack ne lui permet pas de vaincre son isolement. Un isolement renforcé par la géographie des îles Shetland. Merci à Tallack pour cette atmosphère et ce roman profondément humains.

 

❓ Le héros du livre est fan de country, même si ce n’est pas ma tasse de thé, je vais écouter ses recommandations, et vous avez-vous été influencé par un livre pour écouter de la musique ?




𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « Et d’un seul geste, comme appelée à la vie, une vague immense s’éleva. Elle s’éleva d’abord comme le dos large d’une baleine, et puis, comme quelque chose de monstrueux, quelque chose de montagneux, elle s’éleva plus haut encore. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Sonny Paton et Kathleen Anderson se marièrent un matin d’avril, et pendant toute la durée de la cérémonie, la pluie ne cessa jamais. Comme des cailloux lancés du ciel, elle cliquetait contre le toit de la chapelle de Treswick, les longues planches et les poutres au-dessus des têtes de l’assemblée frémissant sous le déluge. Le pasteur dut hausser la voix pour atteindre un cri modeste, mais les plus proches de la porte ne parvinrent tout de même pas à distinguer les vœux. Certains parmi la petite foule présente entendirent dans cette pluie incessante un chœur d’applaudissements pour l’heureuse occasion, et d’autres y virent un mauvais présage. La plupart, en revanche, n’en pensèrent rien du tout. C’était Shetland, et il pleuvait. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « La guitare de Henry, qu’il avait achetée, raconta-t-il, à Edimbourg en 1957, sur le chemin du retour de la chasse à la baleine, fut la seule que Jack possédât jusqu’après la mort de ses parents. (Et il l’avait toujours, là-haut dans le grenier, avec les affaires de sa mère et de son père qu’il ne pouvait se résoudre à jeter.) Et puis, lorsque la ferme fut vendue, il utilisa un peu de l’argent pour acheter une Martin d’occasion : l’instrument le plus parfait qu’il pouvait imaginer. La guitare entre ses mains était la plus précieuse de ses possessions. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Le changement s’opéra dans les années 1970. Il avança lentement au début puis accéléra jusqu’à devenir inarrêtable. Les murmures devinrent des rumeurs qui se transformèrent en informations pour finir en un bouleversement immense, comme personne dans les îles n’en avait jamais vu auparavant.

Le pétrole, voilà ce qui les amenait : les voix américaines, les voix anglaises, les gros bateaux et l’odeur de l’argent. Le pétrole. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Il y a toujours un jour en été, à Shetland, où toutes les créatures de l’endroit – les oiseaux, le bétail, les gens – semblent réaliser ensemble que la saison penche vers sa fin. Une urgence balaye les îles alors, une clameur de pas-en-perdre-une-miette. Dans un endroit avec si peu d’arbres (et il n’y en avait absolument aucun dans les environs proches de Hamar), l’automne peut être moins une saison complète qu’une pente court, abrupte. Des jours cléments peuvent encore venir, des semaines peut-être si la chance le permet, mais une fois cette pente atteinte, une fois que l’année s’incline vers l’hiver, difficile d’oublier cette réalité. »

 






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