📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Lud-en-Brume
- jmgruissan
- il y a 23 heures
- 3 min de lecture
De Hope Mirrlees, aux éditions Livre de Poche, 1926
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Voici un roman de fantasy étrange, inclassable et plein de poésie. J’ai eu l’impression d’un monde en transition, d’un peuple qui passe des contes et légendes à celui des lois, des règles et du pragmatisme. Hope Mirrlees nous propose de replonger dans nos rêves d’enfant, la magie côtoie la réalité des vies des parents. Aux antipodes des récits manichéens de Tolkien ou de Howard, on a du mal à trouver son camp, à choisir un héros. C’est une douce perdition dans l’imaginaire, on en ressort le sourire aux lèvres.
Lud-en-Brume est une petite ville tranquille en bord de mer d’un pays qui ressemble à l’Angleterre de la fin du Moyen-Âge. Pourtant, non loin de la cité existe le royaume de Faërie, avec ses mystères et ses dangers qui font toujours frissonner les habitants du comté. Et c’est d’ailleurs une histoire de trafic d’une drogue interdite, les fruits féériques, qui va semer le trouble et la discorde dans la communauté. Le maire Nathaniel Chantecler devra sauver sa famille et sa ville.
Pour Neil Gaiman « Le roman le plus beau, le plus convaincant, le plus mystérieux et le plus injustement négligé du XXe siècle. » Bon, je n’irai pas jusque-là, mais cette fantasy subtile, avec une atmosphère onirique et une réflexion sur la nature de la réalité et de l’imaginaire, ce livre nous fait flotter grâce à une certaine douceur entre réalisme et merveilleux. On y redécouvre l’importance des rêves et des émotions.
❓Connaissez-vous des romans de fantasy injustement oubliés ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « L’Etat indépendant du Dorimare était un pays minuscule. Bordé au sud par la mer, au nord ainsi qu’à l’est par des montagnes, et tapissé en son centre dune vaste plaine luxuriante irriguée par deux rivières, ses paysages et ses végétations ne manquaient pourtant pas de diversité. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Après un long silence, les arbres reprirent leurs conversations, en jaune tout d’abord, puis en rouge. Les jours commencèrent à raccourcir à vue d’œil. L’allée arborée de Maître Nathaniel vira peu à peu au jaune. Et bientôt, lorsque la Pommelée jettera sur la région un épais manteau de brume grise, il s’agira du seul endroit de son jardin encore clair et coloré ; et cette allée ressemblera alors aux gigantesques aiguilles du compas doré avec lequel le démiurge mesure le chaos. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Il n’existe pas de monstre, même au-delà des montagnes, plus effrayant que le Temps. Mais lorsque l’on s’est habitué, depuis tout petit, à le côtoyer dans son plus simple apparat, comme c’était le cas chez nous, au lieu de le voir dans une horloge, comme ici à Lud, on apprend qu’il est tout aussi tranquille et paisible qu’un vieux bœuf tirant sa charrue. Et regarder le Temps nous permet d’apprendre à chanter. On dit que les fruits qui poussent derrière les collines ont les mêmes propriétés. Je n’en ai jamais goûté, pas même le plus petit morceau, et pourtant je sais chanter. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « C’est alors que quelque chose se produisit. Ce n’était pas tant une modification flagrante de la noirceur des ténèbres – ce qui aurait été un véritable soulagement – qu’un léger relâchement de la tension. En réalité, on ressentait, davantage qu’on ne voyait, que la nuit venait de perdre un peu de sa densité. Ah ! oui, regardez entre ces deux collines, elle semble saigner ! »
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