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Mato Grosso

De Ian Manook, aux éditions Le Livre de Poche, 2017

Roman d’aventure, d’amour, polar ou roman noir, Mato Grosso est difficilement classable. Même si le personnage principal traverse le Brésil et une partie de l’Amérique du Sud, c’est un huis-clos entre deux hommes qu’une haine réciproque habite. Après la superbe trilogie de Yeruldelgger, Ian Manook propose un roman déroutant entre passé et présent dans un exercice de style peu orthodoxe. Malgré des pages sublimes sur les terres et les peuples d’Amérique du Sud, je n’ai pas accroché.

Jacques Haret connait un succès littéraire avec son livre « Un roman brésilien ». Après 30 ans loin du Brésil, il revient invitation afin de retrouver des conditions favorables à l’écriture de son prochain texte. Or la rencontre avec son hôte va, à nouveau, l’entrainer dans le Mato Grosso, entre forêt amazonienne, marais et brousse, dans la moiteur, la violence, le sexe et l’amour.

Mato Grosso est aussi un livre sur l’écriture et les écrivains, la force du roman est de mettre face à face écrivain et personnage, fiction et réalité. Un drôle de roman miroir qui fait constamment référence au génie de Stephan Zweig. Pour autant, les pages ont souvent été dures à tourner quand on revient au huis clos, je suis passé à côté de la complexité des personnages.


Début du livre « Il retrouvait le Brésil trente ans plus tard, sans se douter que c’était pour y mourir bientôt. Un jeune homme avec un écriteau « Senhor Haret » l’attendait à l’aéroport. Le remous des touristes, froissés par le long voyage, se disloquait contre la digue de ceux qui les attendaient. Le jeune homme se fraya un chemin jusqu’à lui. »

Extrait « Cet après-midi-là, la ville recompose sa géographie. En plus de la villa des Chancel, en arrière quelque part dans les feuillages de la Rua Joaquim do Sao Joao où j’habite pour l’instant, de la place en bas de l’Avenida Presidente Vargas, à deux pas des bureaux de Paul, se dessine maintenant loin sur la droite, perpendiculaire et éloignée, la longue Rua Barao de Melgaço. Avec, quelque part sur la gauche, presque au sortir de la ville, la bâtisse de la Société minière, et dans l’ombre de la maison, silencieuse pour ne pas réveiller les enfants qui dorment, Angèle, désirable, encore toute étonnée de ma visite. »

Extrait « Un peuple qui pourrit, dans la terre et les joncs où il s’enfonce, et dont la pourriture prend dans le vent humide des relents d’humus qui me rappellent les mauvais jours d’automne. Un peuple à son automne. Un peuple beau et qui se meurt malade, saoul de coca, d’altitude et de bière, alors qu’à elle seule l’éternité qui fige les montagnes et le lac aurait dû suffire à leur ivresse. »

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