Orgasme à Moscou
De Edgar Hilsenrath, aux éditions Attila, 1979
C’est parti pour une histoire rocambolesque entre Moscou, New York, Tel-Aviv dont le point de départ est un orgasme dans la capitale de l’URSS. Car ce roman se déroule durant la guerre froide, alors que le rideau de fer partage la planète entre le monde libre occidental et les pays sous contrôle communiste. Un orgasme qui entraîne des tensions entre états, mobilise les fonds de la Mafia et implique des terroristes arabes. Voilà le cocktail dingue et loufoque imaginé par Edgar Hilsenrath.
Dans les années 70, l’Union soviétique et les USA se regardent en chien de faïence. C’est juste le moment choisi par Anna Maria, la fille du plus riche parrain de la mafia new-yorkaise d’avoir son premier orgasme, à Moscou. Anna Maria n’a qu’un désir, et pour son père c’est un ordre, se marier avec Sergueï Mandelbaum et surtout avant la naissance de leur enfant. Malheureusement, les Russes ne veulent pas laisser partir Sergueï, même celui-ci est en disgrâce, car il a travaillé sur des projets très sensibles. Qu’importe si cela doit conduire à la 3ème guerre mondiale, Nino Pepperoni, ira jusqu’au bout pour exfiltrer Sergueï.
J’ai découvert Edgar Hilsenrath avec Fuck America, et je le retrouve aussi déjanté avec Orgasme à Moscou. Le langage est assez cru et les dialogues parfois complétement délirants dans cette parodie des romans d’espionnage. Il faut toute l’imagination d’Hilsenrath pour poser des situations totalement improbables avec des personnages tout aussi incroyables. Mais la lecture au second degré de ce roman est une critique de la géopolitique des années 70, acerbe et sans concessions, dont l’absurdité nous apparaît de façon burlesque dans ce livre.
Henning Wagenbreth est né en Allemagne de l'Est en 1962. De 1982 à 1987, il étudie la typographie et l'illustration. De 1989 à 1991, il participe au collectif d'artistes. En 1992-1993, après la chute du mur de Berlin, il se rend à Paris où il découvre les travaux de Bazooka, Pascal Doury, Marc Caro, Loustal, Petit-Roulet, Bruno Richard et Mark Beyer. Depuis 1994 il occupe le poste de professeur d'illustration et de design graphique à l'université des arts de Berlin. Il publie régulièrement des illustrations dans des périodiques internationaux, dont le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, GEO, Libération, Le Monde, The New York Times et le San Francisco Chronicle.
En 1997, Libération lui commande une série de pictogrammes pour identifier ses rubriques, qui restera en place jusqu'en 2007. En 2000, son livre pour enfant, Mond und Morgenstern (Lune et étoile du matin) reçoit le prix du « schönstes Buch der Welt » (plus beau livre au monde) décerné par la Stiftung Kunstbuch (Fondation des livres d'art). En 2006, Wagenbreth conçoit Tobot "une machine à illustrer", un système de composition de dessins pensé comme un compositeur de texte, en remplaçant les lettres pas des images. Ses ouvrages récents publiés en France sont Plastic Dog (2012, L'Association), Le Pirate et l'Apothicaire (texte de R.L. Stevenson édité en 2013 par Les Grandes Personnes), Le secret de Sainte-Hélène (2014, Le Nouvel Attila), Honky Zombie Tonk (Othello, 2016). En 2016, il réalise également les visuels des Rencontres du 9e art d'Aix-en-Provence. Sa capacité saisissante à condenser des idées complexes en signes simples l'a amené à travailler sur des timbres-poste allemands en édition limitée pour la Deutsche Post (poste allemande).
Début du livre « Le jour de ses soixante-cinq ans le patron de la mafia américaine, Nino Pepperoni, américain d’origine sicilienne, capo dei capi, le patron des patrons, prend sa retraite. Sa fortune est légendaire et il passe pour l’homme le plus riche d’Amérique. »
Extrait « Loop constata que les hôtesses locales étaient un peu mastoc et que, contrairement à celles du monde libre, elles ne découvraient pas leurs jambes jusqu’aux cuisses, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Quant à Mandelbaum, ne connaissant pas le monde libre t ne pouvant donc pas savoir si les hôtesses soviétiques faisant bonne ou mauvaise figure comparées à leurs collègues du monde libre, il ne vit pas la différence. »
Extrait « Anna Maria, ma bien-aimée. Tu étais assise au bord du lit. Tes longs cheveux sombres et soyeux tombaient sur tes frêles épaules de nymphe. Tu t’es penchée sur moi et tu as posé un baiser sur mon crâne pole. Tu as demandé : « Où est ta moumoute, Archie ? » Et j’ai dit : « Sous le lit, Anna Maria, sous le lit. »
Alors tu as ramassé la moumoute et tu me l’as tendue et je l’ai remise. « Voilà, j’ai dit. J’ai retrouvé mes trente-trois ans. Viens ! N’embrasse plus mon crâne poli. Embasse mes cheveux. »
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