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Personne ne gagne

De Jack Black, aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, 1926

Coup de cœur pour ce roman autobiographique d’un cambrioleur, fin XIXème, début XXème aux USA. Un texte fort sur un parcours de vie qui mène un jeune gars intelligent, vaillant et bon sur le chemin de la malhonnêteté. De mauvais aiguillages s’enclenchent et la vie de Jack Black bascule, les rails l’entraînent vers les postes de police, les cours de justice et cellules de prison. Jack Black a toujours espéré un redressement de ce foutu aiguillage qui le ramènerait dans la foule des honnêtes gens, et paradoxalement, ceux qui le haïssent. L’histoire de Jack Black est toujours d’actualité, un excellent texte dont il faut aussi lire les annexes.

John Black perd sa mère trop tôt et son père, honnête homme, ne se sent pas de l’élever. Ce dernier le place en pension dans une école religieuse à la discipline stricte. Pourtant, il s’en sort bien, il est intelligent et malin. Très jeune, il trouve le moyen de faire des petits boulots et décide de prendre sa vie en main. Malgré leur attachement réciproque père et fils poursuivent des chemins différents. John décide de prendre la route pour rejoindre des grandes villes. Appelé par l’aventure et les rencontres autour des feux de camp, il mène rapidement la vie d’errance des hobos dans l’Ouest américain, il fait des connaissances décisives qui vont le mener vers l’argent facile et ses dangers.


C’est avec beaucoup de franchise que Black raconte comment sa vie a basculé, comment il s’est retrouvé à choisir entre une vie normale ou marginale. Il retrace ses amitiés sincères et rend hommage à ceux qui lui ont donné sa chance, parle de ses errances et des erreurs qui l’ont conduit au pénitencier. Son témoignage essentiel est que la violence entraîne la violence, la brutalité fait naître la brutalité. De même, l’amabilité entraîne l’amabilité. En tant que cambrioleur repenti, Black croit au pouvoir de la deuxième chance et « critique la répression au quotidien des laissés pour compte du rêve américain », un vrai plaisir de lecture.


Début du livre « Aujourd’hui, je suis archiviste au San Francisco Call. On ne peut pas dire que j’ai la tête de l’emploi. Je pivote sur ma chaise pour me regarder dans le miroir et ce n’est pas le visage d’un archiviste que je vois. Pas de front haut, pâle, lisse, placide d’un homme studieux. »


Extrait « Il avait de petits yeux rusés. On aurait dit qu’ils avaient été sortis de leur orbite, frits dans de l’huile et remis en place. Bleu pâle et éteints, ils ne trahissaient rien du cerveau infatigable d’inventivité qui se cachait derrière. Son nez n’était pas beau à voir non plus : c’était un bout de chair rose et molle, cassé depuis longtemps et pendouillant entre ses yeux. »


Extrait « - Petit, j’ai entendu Rebel George, le gars qui a inventé l’arnaque au faux lingot d’or, dire « Pour fourguer un lingot de cuivre, il faut se convaincre soi-même qu’il est en or massif. Le reste est facile. Le meilleur arnaqueur, c’est celui capable de s’arnaquer lui-même avant de s’attaquer aux pigeons. » »


Extrait « Pourtant, l’idée de me retirer, de prendre un nouveau départ, ne me vint jamais à l’esprit. Ma vanité juvénile, cette confiance excessive qui naît de l’ignorance, me soufflait que je pouvais gagner à un jeu dangereux et pervers où personne ne gagne. Au lieu de réfléchir et de faire un bilan lucide, je partis avec joie en quête de nouvelles aventures. »

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