📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Si Rome meurt
- jmgruissan
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture
De Renaud Rodier, aux éditions Anne Carrière, 2025
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En tout premier lieu, un grand merci aux éditions @editions.anne.carriere et à @babelio_ de m’avoir offert ce superbe roman de Renaud Rodier dans le cadre de l’opération Masse Critique. En effet, autant le style que l’histoire nous tiennent la main pour nous accompagner le long d’une frontière floue entre réalité et hallucination. Une réalité physique, politique, médicale et le rêve hallucinatoire, l’écriture romancée et l’illusion cinématographique. Parfois, il est bon de se perdre ou de se laisser porter et de croire à autre chose qu’un texte de l’AFP, le compte-rendu d’un médecin ou un rapport de police. S’il existait des vérités à tout, le monde serait peut-être plus simple mais la vie certainement moins intéressante.
Alors que les partisans de Giorgia Meloni fêtent sa victoire aux dernières élections, trois jeunes étudiants parcourent les rues de Rome. Le plus jeune Pietro, passionné de cinéma, fête sa majorité. Il n’a qu’un seul objectif, intégrer une des plus grandes écoles de cinéma. Pour l’examen d’entrée il doit présenter un court-métrage qui met en avant ses qualités. Ce soir-là, il croise le chemin d’un SDF dont les propos semblent incohérents, après coup pourtant, il se rappelle des paroles et fait un lien avec son père disparu lorsqu’il avait 8 ans. Dès lors commence la recherche de cet homme dans les rues mais aussi dans sa propre conscience.
Sous l’œil de sa caméra, Pietro essaie de reconstruire, avec beaucoup de poésie, un père trop tôt disparu, et surtout de se retrouver lui, c’est la magie du cinéma, de l’art en général. Sa fissure mentale, que sa mère tente de colmater, est aussi l’endroit par lequel jaillit le génie créatif. Une pulsion créatrice, qu’à la lecture du roman, on dissocie difficilement de la réalité, grâce au talent narratif de l’écrivain.
Enfin Renaud Rodier parle de Rome, non comme un décor, mais comme un personnage à part entière qui s’offre avec ses qualités, ses faiblesses et ses mystères. Une ville incroyable qui semble avoir tout vécu, avec sagesse et folie, autant un mythe qu’une vérité sociale crue. « Si Rome meurt » est une très belle découverte.
❓ Est-ce que des romans vous ont donné envie de découvrir ou redécouvrir certaines villes ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « En ce dimanche soir de fin septembre, six spectateurs occupent les quelque deux cents places de la salle n°1 du cinéma Farnese. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Les monuments défilent. A l’est, la Bouche de la Vérité. A l’ouest, l’île Tibérine. Au nord, la place du Capitole. Marc Aurèle les salue depuis la selle de son cheval. Putain de ville où la beauté vous crève les yeux. Mais comment être heureux quand chaque pierre rappelle que vous n’êtes que la décadence descendance de génies morts il y as des siècles ? Comment oser créer alors que tout semble déjà accompli ? »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « A Cinecittà, tout redevient limpide, lui rappelant que, depuis l’âge de dix ans, son unique but a été de franchir ces grilles, d’abord en tant qu’élève, puis comme réalisateur. Son rêve : voir un jour son visage figurer sur les murs de « Cinecittà Si Mostra », le petit musée niché au cœur des studios. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « ASTRONOME (OFF)
Bekenstein nous a montré que l’entropie d’un trou noir, qui mesure le désordre ou l’information qu’il contient, est proportionnelle à la surface de son horizon, et non à son volume.
Si l’on applique cette idée à nos vies, cela signifie que ce qui compte, ce n’est pas ce que nous accumulons, mais plutôt la façon dont nous interagissons avec le monde et les autres. Nos actions, les souvenirs que l’on laisse. Le reste… ce que nous gardons en nous, reste insondable – à jamais hors d’atteinte, même pour la science. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Costa aimerait lui dire que cette obsession pour la « résolution » - ces dénouements explicatifs qui s’efforcent de tout clarifier pour un public présumé idiot – est l’une des grandes calamités du cinéma moderne. La vraie vie, elle, n’offre que des questions laissées en suspens, des fragments épars sans réponse définitive. Mais il se ravise. Ce genre leçon ne s’enseigne pas. »
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