Sérotonine

De Michel Houellebecq, aux éditions Flammarion, 2019

Voyage au bout de l’ennui, si c’était l’objectif de Houellebecq, il est parfaitement réussi. Nonobstant une écriture forte et magnifique, ce parcours de quelques années avec Florent-Claude Labrouste, ingénieur agronome, a été une descente inexorable dans l’enfer de la dépression, au propre pour le personnage principal et au figuré pour moi. Même l’humour de Houellebecq et les scènes érotiques, n’ont pas réussi à me sortir d’une certaine torpeur. Seul le style et les phrases qui relèvent parfois du génie m’ont soutenu jusqu’à l’inespérée dernière page.

Florent Claude Labrouste, ingénieur agronome est en pleine dépression, ses vies sociales et sentimentales semblent saccagées. Se rapprochant des 50 ans, ayant eu de belles conquêtes féminines, possédant un travail rémunérateur et disposant d’un héritage confortable, il toutefois incapable de prendre sa vie en main. Pour se maintenir à flot, il va faire appel à un médicament le Captorix. Cette nage entre deux eaux va le conduire à traverser une France qui détruit ses traditions, ses campagnes et ses habitants.

Malgré une impression assez défavorable sur ce roman, Houellebecq m’a touché par un romantisme désespéré. Les personnages féminins, aux antipodes, les unes des autres réapparaissent tout au long du roman et Camille, le grand amour de sa vie n’est plus qu’un souvenir qui le torture. Je suis certainement passé à côté des fondements de ce récit, mais il est indéniable que Houellebecq y fait preuve d’un grand pouvoir poétique. A vous de découvrir.

Début du livre « C’est un petit comprimé blanc, ovale, sécable. »

Extrait « Sa carrière en somme était lancée, et cette première joie fut complétée d’une seconde lorsque le vol Air France AF232 à destination de Rio de Janeiro s’abîma au beau milieu de l’Atlantique Sud, un dimanche de mars. Il n’y avait aucun survivant, et la mère de Claire faisait partie des passagers. Une cellule d’assistance psychologique fut immédiatement mise en place à destination des proches des victimes. « C’est là que je me suis trouvée bonne actrice… me dit Claire au soir de sa première rencontre avec les psychologues-experts, j’ai fait la fille dévastée anéantie, je crois que j’ai vraiment réussi à cacher ma joie. » »

Extrait « Vous faites quoi pour la période des fêtes ? me demanda-t-il un peu plus tard, il faut se méfier de la période des fêtes, pour les dépressifs souvent c’est fatal, j’ai eu plein de clients que je croyais stabilisés et paf le 31 les mecs se flinguent, toujours le 31 dans la soirée, une fois qu’ils ont passé minuit c’est gagné. »