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Texto

De Dmitry Glukhovsky, aux éditions Livre de Poche, 2017

Fan de Glukhovsky pour sa SF décapante, comme la série Metro, je le découvre dans un thriller très original et savamment construit. Pourtant, je n’ai pas ressenti la même adrénaline que pour mes lectures précédentes, alors que ce roman constitue, pour ma part, la première incursion du roman noir dans notre monde ultra connecté. Glukhovsky y mêle l’ensemble des messageries instantanées pour créer l’illusion d’une vie après la mort. En extrapolant, il est assez terrifiant de savoir que nos comptes sur les réseaux sociaux vont vivre leur propre existence, encore quelques temps, après notre mort.


Ilya vient de passer 7 ans dans une prison en Sibérie. Après ces années de détention, il ne retrouve pas sa vie d’avant, ni ses amis, ni sa petite amie qui a refait sa vie, depuis. Sa mère meurt la veille de son arrivée à Moscou, le plongeant dans une situation désespérée. 7 ans plus tôt, Khazine, un officier ripoux, l’avait fait condamner à tort. Poussé par une incontrôlable soif de vérité, il tue, la nuit de son retour, ce policier et récupère son téléphone mobile. Faisant cela, il entre dans la vie professionnelle et privée de Khazine.


La force de Glukhovsky est de soulever dans chacun de ses livres des questions sociétales fondamentales. Par l’appropriation d’un téléphone, Ilya s’insère dans les destins de personnes dont il est étranger, même avec les meilleures intentions, il est possible de faire plus de mal que de bien. D’ores et déjà, les grandes entreprises tentent de nous influencer sur les réseaux sociaux avec de continuelles sollicitations. A l’instar d’Ilya qui pense maintenir la vie des autres entre ses mains, il s’aperçoit, peut-être trop tard, que l’appareil le domine.

Début du livre « La fenêtre laissait voir une palissade continue de sapins brouillée par les parasites blancs de la tempête de neige ; les poteaux télégraphiques défilaient comme les premiers plans d’un film en noir et blanc. C’était la Russie qu’on montrait par la vitre, toujours la même depuis Solikamsk : les sapins, la neige, les poteaux, puis une clairière avec des isbas ratatinées, une gare avec, en arrière-plan, des bâtiments anémiques à un étage aux parements de silicate, et de sapins plantés si dru le long des voies qu’on aurait dit un mur de barbelés. »


Extrait « Ilya fouillait les entrailles de Petia. Il plongeait sans gants dans la cavité abdominale, pêchait dans différentes époques des Albina, Yulia, Magda, qu’on n’avait même pas pris le soin de dissimuler. Des blondes pulpeuses aux mains potelées et aux yeux vitreux, des brunes coiffées à la garçonne avec des trous noirs sous des sourcils stylisés, toutes ces passagères, toutes ces instantanées, les femmes aux enveloppes trompeuses, de la vacuité joliment emballée. »


Extrait « Dans le train, tout le monde avait le nez rivé sur son téléphone. On avait désappris à se retrouver seul face à soi, cela créait un trop grand vide. Et le trajet en train Lobnia-Moscou était une épreuve en tant que telle. Pendant le transit du corps, il fallait bien occuper l’esprit.

Ilya, lui, n’en avait pas besoin. »

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